Profitez de vos ennemis !
Les ennemis intentionnels, ceux qui nous veulent du mal et cherchent à nous nuire, sont heureusement assez rares. Mais les « non-amis » sont légion : tous ceux qui nous contredisent, nous provoquent ou nous ignorent et parfois sans même le vouloir, nous pourrissent l’existence.
Comment s’en sortir ?
Certains amis se disent sincères ; ce sont les ennemis qui le sont.
Qui nous est le plus utile? Ces amis qui ne nous font jamais le moindre reproche ou ceux qui ne ratent pas l’occasion de nous dire nos quatre vérités?
En nous renvoyant une image flatteuse de nous-mêmes, ces amis entretiennent nos défauts et nos mauvaises habitudes, et contribuent souvent à les renforcer.
Par contre, nous pouvons accueillir les critiques de nos ennemis avec reconnaissance, car elles nous mettent en face de nos travers.
Non seulement accepter, mais apprécier les critiques devient alors possible. Les contradictions des jugements nous offensent plus, ni nous altèrent, elles nous éveillent seulement. Surtout si, au lieu de vouloir imposer à tout prix notre point de vue, nous nous efforçons de trouver des arguments qui tiennent la route, tout en prenant en compte les raisons de l’autre.
La patience est une vertu, nous avons besoin des autres pour pouvoir la mettre à l’épreuve. Cultiver la patience, c’est être endurant, tolérant et capable de supporter les nuisances sans jamais perdre le contrôle de soi-même. il ne s’agit pas de résignation passive ni de soumission, mais d’une attitude ferme et posée face à ceux qui nous contrarient, nous perturbent ou nous agressent.
Pratiquer la patience, c’est mener un combat perpétuel, non pas contre nos adversaires extérieurs mais contre nos plus grands ennemis intérieurs: la colère et la haine.
Comment s’y prendre ?
Entraînez vous à laisser glisser sur vous les paroles malveillantes, sans leur permettre de s’attacher et de vous attacher. Dans l’impossibilité de prendre du recul par rapport à nous-mêmes, nous sommes incapables de nous voir tels que nous sommes. Le seul moyen de nous faire une idée de nos défauts, c’est de nous servir de ceux des autres comme d’avertissements.
Regarder les autres pour mieux se voir soi-même est possible car nous remarquons chez l’autre ce que nous ne pouvons pas ou ne voulons pas voir en nous-même.
loin d’être une disgrâce, croiser un ennemi est en réalité une aubaine, qui nous oblige à nous remettre en question et donc à évoluer.
Transformer l’ennemi en allié intérieur est une force. Si nous faisons l’effort de nous demander ce que cet individu est venu nous dire (pourquoi lui, pourquoi ici, pourquoi maintenant ?) et quelle leçon se cache derrière cette pénible rencontre, notre regard sur lui change radicalement : nous voyons moins son intention de nous nuire que les bénéfices que nous pouvons en retirer. De là à lui être reconnaissant d’être là, il n’y a qu’un pas !
Rien ne nous garantit qu’en nous laissant aller au mépris, à la colère ou à la victimisation, nous ferons du tort à ceux qui les ont suscités : ce qui est sûr, c’est que nous en faisons à nous-même. pour maîtriser nos émotions négatives, il faut remonter aux causes de la haine de l’autre, ce qui demande d’abord un effort intellectuel. Passer de l’émotion à la compréhension est possible. Si l’on comprend que celui qui fait du mal à autrui est quelqu’un qui va mal et mérite notre compassion, on se sent mieux.
Si les autres nous semblent parfois des étrangers, tous ne sont pas des ennemis, bien loin de là. Il y a aussi l’immense cohorte de ceux qui, étant différents, nous sont indifférents : si parfois ils nous gênent, c’est parce qu’ils ne fonctionnent pas comme nous, n’ont pas les mêmes valeurs et portent un autre regard sur la vie. Un ennemi est l’occasion rêvée pour se confronter au problème crucial de l’altérité car, étant en quelque sorte une caricature de "l’autre", il nous oblige à cultiver la tolérance.
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