Chaque famille possède une histoire, des valeurs et des croyances qui influent sur la façon de se comporter. L’héritage émotionnel s’inscrit très tôt chez le nouveau-né, car, faute d’accès au langage, c’est le ressenti qui lui vient en premier.
Il s’approprie les émotions ressenties, la tristesse, la colère ou la peur. L’enfant naissant a déjà connaissance de l’inconscient de son père et de sa mère. Se sentir régulièrement débordé ou bloqué par des émotions persistantes est le signe qu’elles sont transgénérationnelles. En prendre conscience est déjà un grand pas vers la libération et la réappropriation de celles qui nous sont propres. Pour mettre au jour les racines de vos émotions.
1. Construisez votre génosociogramme:
Notez ce que vous savez des lieux, pays d’origine, déménagements, séparations et décès, ainsi que tous les événements marquants liés à chaque personne. Vous pouvez interroger vos parents, votre fratrie et votre famille. Prêtez attention à la manière dont ces informations vous seront livrées (ton de la voix, émotions manifestées, qualificatifs employés, silences...) et prenez note de l’ensemble.
Repérez les points de vulnérabilité en relevant les événements douloureux (fausses couches, IVG, dépressions, maladies psychiatriques, accidents, handicaps, incestes, viols, suicides...).
Prêtez attention aux événements positifs (naissances, promotions sociales, unions heureuses et de longue durée...), ainsi qu’à la façon dont ils ont été vécus et dont ils ont influé sur les membres de la famille. Une fois ces observations collectées, réunies et « pensées », vous verrez se dégager les grands chapitres de votre roman familial et apparaître les lignes de fracture et de force. Vous pourrez aussi comprendre la manière dont tous les événements ont conditionné les comportements et les choix des uns et des autres, jusqu’à vous.
2. Prenez conscience des types émotionnelles de votre famille:
La psychogénéalogie a mis en lumière des liens existant entre certaines émotions et certains événements familiaux, qui se répètent ou dont les effets se transmettent de génération en génération. C’est ce qui façonne les typologies familiales : familles de colériques, d’anxieux, de dépressifs, d’insatisfaits, de victimes...
La tristesse est très souvent le fruit de deuils non terminés ou de séparations douloureuses vécues dans l’enfance.
La peur résulte d’épisodes traumatisants (guerre, immigration, déportation) et d’événements « privés » graves (série de décès par accident ou maladie).
La colère peut être liée à des phénomènes d’injustice et à de mauvais traitements (maltraitance physique ou psychologique, comme la négligence, le mépris, le manque de reconnaissance,
La honte fait suite aux actes condamnés par la morale de la famille (enfant né sous X, adultère, libertinage, mésalliance sociale), par la loi (tous les actes criminels)
La culpabilité découle du sentiment d’être la cause d’un événement non désiré, malheureux ou dramatique (un mariage déclenché par une grossesse, un décès après une rupture, une bonne intention qui tourne mal...).
3. Repérez les répétitions:
Chacune signale une loyauté familiale consciente ou inconsciente. Il peut s’agir de répétitions de prénoms, de dates, de métiers, d’événements graves (accidents, maladies, ruptures) ou heureux (rencontres, naissances attendues, « coups de chance »).
Le prénom rapproche de ceux qui portent le même que vous. Interrogez vos parents, ou d’autres membres de la famille, pour savoir ce qui a motivé le choix du vôtre. Les questions : quelles ressemblances ou différences existe-t-il entre moi et les membres de ma famille qui portent – ou portaient – ce prénom ? Quelles attentes, conscientes ou non, ont pu peser sur vous via le choix de votre prénom ?
Les dates vous indiquent de qui vous êtes « héritiers » ou quel destin se rappelle à travers vous. Par exemple, une date récurrente d’accouchement dans la famille peut correspondre au jour du décès prématuré d’une aïeule. Les questions : existe-t-il dans votre vie des dates récurrentes ? Quelles sont les émotions qui y sont attachées ?
La place dans la fratrie (aîné, cadet ou benjamin) vous renvoie à d’autres membres de la famille qui occupent ou occupaient la même place. Les questions : quelles relations ceux qui, comme vous, sont ou étaient aînés, cadets ou benjamins ont-ils tissées avec leurs proches ? Quelles relations avez-vous tissées avec les votre? Quelles émotions sont attachées à ces places ?
Les métiers répétés mettent en lumière les membres de votre famille que vous voulez suivre par imitation ou ceux dont vous voulez poursuivre l’œuvre. Les questions : avez-vous vraiment choisi votre métier? Qu’est-ce que vous ressentez envers celui qui l’exerce ou l’exerçait aussi dans votre famille ?
4. Identifiez vos croyances familiales:
Il s’agit ici de repérer celles qui fondent la culture de chaque famille et qui se transmettent dans son patrimoine émotionnel. Interrogez-vous sur les règles – tacites ou expresses – en vigueur, de la manière suivante.
Dans ma famille : – En quoi et en qui croit-on (la valeur travail, le père ou la mère, Dieu, etc.) ? – Quelles études faut-il suivre ? Quels métiers envisager ? – Quel est le « discours » sur la sexualité ? – Doit-on se marier ? – De quelle façon vit-on (ouverte, autarcique) ? – Comment élever les enfants ? En transmettant quelles valeurs ? Quelle place est donnée à l’autorité, à la religion, à la morale ? – Quels sont les sujets tabous ou qui s’avèrent conflictuels ?
Une fois les réponses obtenues, reprenez-les une par une en prêtant attention à vos émotions : colère, tristesse, sentiment de sécurité, etc. Puis demandez-vous lesquelles de ces règles et croyances vous avez adoptées sans les remettre en question. Chaque intégration « malgré soi » est source de conflit intérieur et peut se manifester par des débordements émotionnels réguliers.
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